Un poème de ma soeur, Hélène BUSCAIL
extrait de son recueil "Les fruits de l'Aurore"
Ce n’est point parce que, au fond de son cartable,
Ce titi des faubourgs, prince en effronterie,
Mieux que leçons apprises, balades mille fables,
Qu’il faut tenir ses contes pour vile menterie.
Au jardin de ses rêves, enfance est vérité.
Ce n’est pas, douce rose, ce que tu voles aux fleurs,
Pour velouter tes joues, ce fard presqu’inutile,
Qui, par doux artifice, fait rosir ta candeur,
Demain, tu seras femme, aujourd’hui si fragile.
Au miroir de ta joie, beauté est vérité.
Ce ne sont pas ce soir, barrant son doux visage,
Ces deux plis à son front, cette feinte froideur,
Ombrant son clair regard de furtifs nuages,
Qui font douter l’enfant des bontés de son cœur.
Dans les yeux d’une mère, tendresse est vérité.
Ce ne sont pas les neiges, sur leurs chemins complices,
Ni les feuilles d’automne, tombant sur leurs serments,
Ni les vents tourmentés où le doute se glisse,
Qui voileront d’oubli les secrets des amants.
Au livre des aveux, amour est vérité.
Ce ne sont pas les ors ni les fières idoles,
Dressées sur maints autels en gage de ferveur,
Qui rabaissent le prix de la modeste obole
Offerte simplement, dans un élan du cœur,
Si dans la main tendue, bonté est vérité.
Et, si nous ne pouvons traverser le miroir,
De tous ces faux-semblants qui maquillent nos vies,
Empruntons aux nuages pour peindre nos espoirs,
De merveilleux mirages qui sauveront l’envie
D’y croire infiniment : seule la vie ne ment pas.