Ce samedi-là, je gardais la petite Lucie seule parce que sa grande sœur, Manon, était chez une ‘meilleure amie’.
Je voulais qu’elle ressente la joie toute neuve de passer une journée ‘rien que pour elle’ et j’avais prévu l’amener au tabac-presse pour lui acheter une revue ; ensuite nous irions à la supérette où elle choisirait la viande qui la tenterait pour le repas de midi.
Après un petit déjeuner riche en babillages et projets, après un rapide passage à la salle de bain et un habillage éclair, nous voici en route pour la place du village … en route ? Se ravisant au dernier moment Lucie m’affirme :
« On y va quand même en voiture, mamie, à cause des ‘courses’ qui seront trop lourdes ! »
Pourquoi pas ? Ces quelques centaines de mètres en voiture font sans doute partie de l’aventure !
Au tabac-presse Lucie prend son temps, examine les revues, les compare, vérifie l’âge préconisé – cinq à huit ans forcément - et se décide enfin pour un magazine de princesse avec un jeu en mini-légos à construire.
« Mamie, je peux aussi avoir un Kinder surprise … s’il te plait mamie ! »
« Bien sûr ! » Même si c’est un peu plus cher que le Carambar habituel, aujourd’hui c’est ‘tout pout Lulu’ !
Je passe à la caisse : le magazine, le Kinder surprise et mon paquet de cigarette … il ne reste plus grand-chose de mon ‘billet bleu’ et je dis en riant à Michèle, la vendeuse :
« Il va falloir que je m’arrête au distributeur avant d’aller à la supérette »
Lucie renchéri : « ça, c’est une bonne idée mamie ! » Elle n’est pas inquiète devant mon porte-monnaie vide : après le passage au guichet (magique) elle pourra avoir la viande qui lui plait et, peut-être, oser demander des ‘Flamby’.
Le mercredi suivant j’ai accueilli mes deux petites filles. Manon était venue avec son porte-monnaie et m’a demandé :
« Cet après-midi, on pourra aller au tabac-presse pour que je m’achète une revue et des images de Violetta ? » « Bien sûr ! »
Puis, me tournant vers Lucie, je lui dis : « Mais, comme samedi je t’ai acheté une revue, aujourd’hui je ne vais pas recommencer ; tu auras quand même un Kinder surprise si tu veux » et j’ajoute, mais était-ce bien malin : « D’ailleurs, je n’ai presque pas de sous dans mon porte-monnaie »
Cette précision n’a en rien déstabilisé la mini demoiselle qui m’a répliqué du tac au tac :
« Pas grave, mamie ! t’as juste qu’à passer au distributeur avant ! »
Belle logique d’une enfant bien de son temps et tellement habituée à voir ses parents tendre leur carte bancaire pour régler leurs achats !