L’alarme a retenti
Et tout le monde a dit :
C’est lui !
Ils le montraient du doigt ce petit moins que rien,
Ils criaient au scandale et l’appelaient vaurien.
Lui restait là penaud beaucoup plus qu’apeuré
N'ayant rien à perdre de cet acte manqué.
Il n’avait pas compris pourquoi sur cette terre
Certain vivent le luxe et d’autres la misère,
Il n’avait pas voulu attendre pour demain
L’espoir trop incertain de ne plus avoir faim.
Il n’a pas su comment éviter l’arrogance
De ces publicités qui lui faisaient offense,
Il savait que pour lui en guise de dîner
C’est un reste de pain qu’il faudrait partager.
On lui avait trop dit qu’il faut se résigner
A rester dans les rangs des plus déshérités,
Tendre une main docile et mendier quelques sous
Donnés du bout des doigts, jetés avec dégoût.
Supporter tout cela il n’en fut plus capable
Lorsqu’il reçut en choc l’image insoutenable
De son père hébété de chômage et de vin,
De sa mère voilant ses larmes dans ses mains.
Il n’était pas mauvais, à peine révolté…
Mais sur un coup de cœur il est allé voler
Du jambon, un dessert en rêvant que ce soir
La couleur de la table ne serait pas noire.
Ne le condamnez pas, ne blâmez pas son père,
Tenter s’il est possible d’apaiser sa mère,
Donnez-lui pour son frère un arpent de jardin,
Offrez-lui pour sa sœur un fruit chaque matin !
Extrait de ma plaquette
« Citoyenne du monde »