Encore un petit extrait, lui aussi légèrement modifié de ma petite histoire, dernière née et inspirée par une journée fort belle malgré le temps maussade ... mais une journée avec mes petites filles est toujours une belle journée!
Soudain ; oh surprise - mais, est-ce vraiment une surprise en ce drôle de printemps automnal ?- le soleil s’est laissé prendre d’assaut par un vol de gros nuages gris et a noyé dans un torrent d’eau nos beaux projets pour l’après midi ! Orage …Ô rage !!!
« Dis, mamie, c’est quoi qu’on va faire après le déjeuner à la place d’aller à Passeligne*? » m’a supplié Lucie avec une petite tristesse au coin des lèvres.
(* Passeligne est un parc, un ‘espace nature et eau’ aménagé à la sortie de la ville)
«Ô yes ! C’est clair qu’il va falloir qu’on soit inventives pour qu’elle soit pas trop déçue ma petite sœur ! » A renchérit Manon avec son tendre sérieux de grande sœur responsable.
Volant au secours d’une petite Lulu attristée et d’une mamie perplexe, elle prit les choses en main ; Ouf !
« Pour commencer, on va vraiment prendre notre temps pour le déjeuner. D’abord on va faire une très jolie table avec deux assiettes comme le dimanche et mettre les serviettes en éventail dans les verres ; ça va bien nous prendre – petit regard vers la pendule – Oh oui, vingt minutes ; ce sera toujours du temps de gagné ! »
De composition d’une table de fête en préparation d’un repas ‘comme un dimanche’, nous avons effeuillé le temps avec parcimonie et ‘mis la cerise’ non pas sur le gâteau mais sur quelques biscuits salés pour accompagner notre apéritif : Vittel-fraise pour Lucie, Coca pour Manon et vin cuit pour moi.
Nous nous en sommes fort bien tirées car il n’était pas loin de quatorze heures lorsque le dernier carré de Kinder-bueno s’enfourna dans la bouche gourmande de Lucie … elle avait bien compris, notre jeune espiègle, que le jeu consistait, pour l’heure, à faire durer le plaisir et différer l’instant où, inévitablement, elle allait claironner : « Et maintenant, on fait quoi ? » Alors elle avait méticuleusement admiré, caressé, léché son chocolat avant de le grignoter avec une infinie lenteur.
« Ça y est, j’ai tout fini ! Maintenant, on fait quoi ? » Plaf !!!
Bonne et redoutable question ! J’avais misé sur un huit mai digne du calendrier, un huit mai où nous aurions passé l’après-midi à Passeligne munies d’un délicieux goûter à partager avec les canards de l’étang ; mon rêve est tombé, avec ou sans jeu de mots, à l’eau … « Allô mon ange gardien ; envoie moi quelques bonnes idées ! »
(La ligne bénéficie d’un forfait illimité, elle ne craint ni les coupures ni les encombrements et, avec ce qu’il faut de foi, la réponse est immédiate.)
C’est ainsi que, pendant plusieurs heures, nous avons utilisé, usé, épuisé toutes les propositions de la mallette de jeux de société : petits chevaux, oie, dominos, loto …
Malgré tout, à mesure que les aiguilles de la pendule trottaient, exaspérantes de régularité, au cadran d’une journée qui s’étirait sans en finir, l’horloge interne des filles perdit la boussole et, sur une partie de Mikado lorsqu’une baguette se mit à bouger … ou pas ? Mais de toutes façons à tort et sans raison.
Le Mikado vola dans tous les sens pour une partie de fléchettes improvisée qu’un rien d’animosité sous tendait.
« Stop ! On range tout avant d’aller visiter les urgences pour un œil crevé ! »
La fin de la journée était pourtant encore loin ; que faire alors ?
C’est la jeune Lucie qui, cette fois eut l’étincelle salvatrice ; mais … suspens !