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27 mai 2012 7 27 /05 /mai /2012 17:55

Dimanche prochain ce sera 'la fête des mères'!

Et, même si je ne pourrais pas aller voir ma mère qui réside bien trop loin de chez moi,

Et, même si, à présent, nous ne savons plus au juste ce qu'elle est encore en mesure de 'recevoir' nos témoignages d'affection,

Je vais lui envoyer une carte pour lui dire: "Bonne fête Maman, je pense à toi et je t'aime" ...

Parce qu'il m'a fallu tellement de temps pour pouvoir le lui dire d'un coeur sincère!

 

Il y a quelques années j'avais voulu laisser une trace écrite de ce Pardon si difficile mais tellement libérateur:

 

Avant d’aller à la maison de retraite passer un moment avec sa mère, elle voulut faire le détour, emprunter encore une fois la rue de son enfance !

Elle gara sa voiture, un créneau bien réussi comme elle savait les faire, et avança à pas lents, le cœur battant, vers le N° 79.

 

La maison familiale n’était plus qu’une façade, une adresse en France pour un homme d’affaires étranger. Elle demeurait cependant solide, protégée par ses tirants en fer, bien épais, bien croisés sur les lézardes qui n’avaient pas bougé au fil des années.

Les volets étaient clos, la porte verrouillé par un énorme cadenas … Qu’importe, elle savait bien comment détourner l’interdit : elle poussa sans délicatesse le portail de la maison voisine ; les grincements ne réveilleraient pas les fantômes de ce lieu également déserté. Elle avança au milieu des herbes plus hautes qu’elle en direction du mur à peine écroulé qui séparait les deux domaines.

A soixante ans et même un peu plus, elle était encore mince et souple ; escalader ce mur, elle l’avait fait  des milliers de fois et cela lui semblait encore tout à fait possible.

Elle se hissa, en effet, sans trop de peine et, d’un bond, se retrouva dans le jardin de ses jeunes années. La végétation l’avait envahi mais ses pieds en reconnaissaient les parterres et les allées ; elle avança lentement, religieusement, caressant au passage les herbes et les fleurs pour mieux laisser revivre tous ses souvenirs …

 

Soudain un cri brisa le silence ; l’horrible miaulement d’un chat, un énorme matou roux surpris dans son repos. Son âme chavira ! Elle se revit, petite fille tremblante dans la nuit effrayante du jardin :

Elle est l’aînée de la fratrie et sa mère est bien occupée par les plus jeunes alors, une fois de plus, à la nuit tombante, elle vient de l’envoyer verser le contenu de la poubelle sur le fumier, au fond du jardin.

Chargée de ce fardeau presqu’aussi lourd qu’elle elle doit traverser la cour sombre, tourner la tête pour ne pas voir les ombres gigantesques surgissant du hangar, se hisser en haut  des marches de l’escalier et affronter le grand noir en priant la Sainte Vierge Marie que le redoutable chat jaune ne soit pas au rendez-vous.

Les yeux mis clos elle court en se répétant « Je suis grande, je n’ai pas peur » ; mais, ce soir encore, l’angoissant cri de l’animal troublé dans son repos la fait trembler de tous ses membres ! Ses jambes la porte à peine lorsque, blême, elle se réfugie sous la véranda, ouvre le robinet et se lave les mains dans un geste rituel qui envoie toutes ses angoisse au plus profond des canalisations.

 

Elle reprit ses esprits, dévala l’escalier et couru vers la maison. Elle força la porte rouillée qui céda sans résistance et s’arrêta, figée, devant l’entrée du cellier. Là, sur la droite, elle revit ‘son’ placard à balais : un réduit que son père avait clos jadis pour que y entreposer le matériel de ménage.

Petite fille anorexique, elle est assise dans ce placard, sur la première marche d’un escalier condamné ; sa mère est installée en face d’elle sur un tabouret, le front plissé, les yeux sombres ; elle tient à la main une assiette de navets et, avec forces remontrances, lui en fait avaler le contenu. Elle ne pleure pas, elle en a l’habitude. Ses larmes refoulées se transforment en rage, en haine … "Je serai la plus forte !"

Lorsque, l’assiette vide, sa mère retourne prendre sa place, au centre de la table familiale, elle file vers la cour, gagne les ‘cabinets’ et leur confie, dans un jet fulgurant, le produit de ses maltraitances.

 

Ses larmes ont tant coulé !

« Pourquoi est-ce que je ne suis pas une petite fille comme les autres ? Pourquoi n’ai-je pas le droit d’être cajolée moi aussi ? »

 

Elle a voulu refaire le chemin comme pour conjurer son mauvais sort, affronter un passé qu’elle voulait dépasser. Ses larmes de femme inondent ses joues, des larmes étonnement douces …

Aurait- elle réussit à pardonner enfin d’un cœur sincère ?

Elle sort son téléphone portable, appui sur un numéro programmé :

« Allo, Maman, ne t’inquiète pas, j’arrive ! »

 

bouquet pour le fête des mères 005

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5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 13:26

Quel drôle de temps avons-nous depuis le début de l'année!!!

C'est bien ceci, n'est-ce pas, que vous pensez

en vous irritant un peu de ne plus savoir 'comment vous habiller'

pour ne plus avoir trop chaud un jour, trop froid le lendemain ...

Mais, n'avez-vous pas la mémoire un peu courte?

Souvenez-vous donc de l'an passé:

L'été en Avril, l'automne en Juillet ...

Mais si!!!

D'ailleur, mi-août, par un jour de grand soleil inespéré,

j'avais écrit ce 'texte de lamentations':

 

Pensées sans grande profondeur d’un jour de chaleur que l’on n’attendait plus

 

En mai j’ai pioché dans ma garde-robe de l’an passé pour affronter un passage de chaleur inhabituel et soudain que je ne croyais être que passager ; bilan : j’étais attristée de ne pas avoir ne serait-ce qu’une jolie petite robe toute neuve à étrenner !

 

En juin j’ai ressorti mon jean usagé pour faire face à un assaut de froidure impromptu et que je voulais éphémère ; bilan : j’étais consternée de ne pas ressentir le doux frémissement d’une envie d’emplettes estivales !

 

En juillet j’ai arboré pour la première fois mon nouveau pull bleu acheté au printemps mais relégué dans le deuxième tiroir parce que déjà trop chaud pour un avril hors normes ; bilan : j’étais résignée à bouder les soldes !

 

Et là, mi-août, on dirait que la ‘belle saison’ se décide enfin à sourire mais, comme les collections d’automne fleurissent déjà dans les magasins, il est trop tard pour acheter ; bilan : je suis fort irritée par cet été raté !

 

J’aurai passé ces mois à me satisfaire par défaut de tous mes déjà vus et déjà portés de l’an passé …

Et le seul bilan qui puisse me consoler c’est que j’aurai fait des économies à défaut de refaire mon vestiaire !

 

Je sais :

il y a beaucoup plus important que le temps à contretemps et les fringues à contre saison dans la vie !

Mais

le doux rayon de lumière dans le cœur d’une mamie

quand ses petites princesses la gratifie d’un « t’es trop jolie ! » ?

J’aurai bien aimé ce doux compliment pour un bilan : ‘plus belle la vie ensoleillée’ !

 

Alors?

"Ben oui, ma bonne dame: les temps ne sont plus ce qu'ils étaient et y'a plus de saison!!!"

Alors?

Alors ... souris quand même car:

"La vie ne vaut rien mais rien ne vaut la vie!!!" (merci A. Souchon)

 

Sourire


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10 mars 2012 6 10 /03 /mars /2012 14:42

Le soleil me titille et m'invite à ressortir mes baskets pour être fin-prête à renouer avec ma douce habitude du samedi matin : musarder sur mon petit marché le temps d'y glaner quelques bon produits du terroir ... et d'échanger quelques propos amicaux avec les gens de mon village!

 

BONJOU-1

Il me revient alors le souvenir de quelques joyeuses 'virées' avec ma soeur Hélène dans les dédales de son grand marché de banlieu ... Ces escapades m'avaient inspiré ce texte:

(Mais : qui est qui? Allez, juste pour savoir si vous nous connaissez un peu ... prononcez vous; promis je vous donnerai la réponse si vous 'sêchez!)

 

Clac !

La tranche de pain grillé saute, impudente, par-dessus le comptoir et vient choir au beau milieu du salon. Marylène éclate de rire !

Pourtant, elle n’est pas surprise ; elle est habituée à la force d’éjection démultipliée de son grille-pain. Mais, ce matin, elle attendait fébrilement cet instant pour s’autoriser à rire à gorge déployée avec son seul chat pour spectateur de sa joie … parce que, aujourd’hui, c’est le jour  du marché et Marylène adore !

Elle va jouer à la ménagère de la cinquantaine comme elle jouait à ‘on dirait que’ lorsqu’elle était enfant ; c’est Sa récréation hebdomadaire, joyeuse parenthèse dans sa vie bien remplie.

Elle choisira avec soin une tenue simple : ce pantalon un rien démodé, ce chemisier un peu fané ouvert sur son vieux pull gris. Elle partira à la recherche de ses uniques chaussures plates enfouies dans le fatras du placard.

Elle s’accordera, malgré tout, un brin de maquillage : Ménagère, certes, mais coquette quand même !

Plongée tout à la fois dans son petit déjeuner et ses réflexions, elle se sent soudain un peu moins joyeuse ; quelque chose ternirait-il son bonheur ? Mais, oui bien sûr, Evelyne !

Vite, elle attrape son téléphone et appelle son amie :

« Eve, prépare-toi, je passe te chercher pour qu’on aille faire le marché ensemble !

D’accord ! Mais c’est bien pour te faire plaisir, Marie. »

Evelyne n’aime pas cette faune turbulente et bruyante. Elle fait ses courses –vite fait, bien fait – à la supérette du coin de sa rue et s’arrange pour grouper le reste des ‘commissions’ en une pénible équipée mensuelle à la grande surface la plus proche.

Mais Evelyne ne sait rien refuser à son amie Marylène ; alors elle ira au marché ce matin et elle sait déjà que, tout compte fait, elle finira par se prendre au jeu de Marylène.

Sans grands états d’âme elle enfile les vêtements qu‘elle portait la veille. Cette robe presque trop stylés, ces hautes bottes à bouts pointus ne sont pourtant pas vraiment adaptés à une telle sortie ; de surcroît, avec son blouson ceinturé elle va carrément ‘détonner’ ; tant pis ! Elle n’a ni le temps ni l’envie de réfléchir. D’ailleurs, c’est bien ainsi que Marylène s’attend à la voir pour pouvoir éclater de rire encore une fois… mais là, elles seront deux ‘à la récré’ !

 

Quelques heures plus tard, Evelyne, radieuse, traîne ses pieds endoloris et Marylène, hilare, croule sous le poids de son cabas débordant de toutes leurs emplettes.

Sans se concerter, elles en ont tellement l’habitude, elles atterrissent dans ce petit restaurant marocain, en bas du marché ; elles commandent deux assiettes de viande à Kebab bien garnies de frites et un pichet de rosé.

Avec délicatesse – on ne se refait pas – Marylène prend le couteau et pousse les morceaux de viande sur sa fourchette avant de les porter entre ses lèvres gourmandes ; avec désinvolture – on ne se refait pas – Evelyne attrape quelques frites entre ses doigts et les ‘enfourne’ dans sa bouche affamée.

Alors, dans un dernier éclat de rire partagé, elles entrechoquent leurs verres de 12°5 à la santé de toutes leurs différences, sources inaltérables de leur belle amitié !

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22 février 2012 3 22 /02 /février /2012 09:16

Un jour bien ordinaire ? un mercredi ‘comme les autres’… pour beaucoup, mais qui parfois vous interroge lorsque, par hasard, - à moins que plutôt ce ne soit intentionnel pour vous interpeler un peu - un voisin, un ami, un parent ‘chrétien’ vous dit que ‘ce Mercredi-là’ est le premier jour du Carême et qu’il va aller à la messe pour ‘recevoir les Cendres’ ; si de surcroît il ajoute qu’il va ‘jeûner à midi’ … N’auriez-vous pas envie d’en savoir un peu plus sur cette ‘pratique’ religieuse à laquelle les chrétiens fidèles à l’Eglise Catholique semblent encore si fermement attachés ?

Quelle est donc cette drôle de tradition ? A quoi correspond-elle ?

 

Le ‘Mercredi des Cendres’ célébré en Eglise marque l’entrée dans la période du Carême, ce chemin de préparation vers Pâques : la Résurrection du Christ après sa mort sur le Croix.

 

L’imposition des cendres trouve son origine dans les temps très anciens comme en attestent certains récits du Premier (ou Ancien) Testament.

Ainsi, dans le chapitre 7 du Livre de Josué, on voit les successeurs de Moïse et les anciens d’Israël se couvrir la tête de cendres en signe de désespoir face à leur défaite. De même Ezéchiel dans son chapitre 27 relate que, devant la défaite de Tyr, les équipages de la flotte brisée se couvrent la tête de poussière et se roulent dans la cendre.

D’autres exemples encore existent et, plus tard, les chrétiens de l’antiquité pratiquèrent cette coutume pour signifier leur désespoir ou leur désir de repentance.

 

Ce n’est qu’au XIIème siècle que ce geste ‘passa’ dans le Pontificat romain et il fut institutionnalisé au XIIIème siècle par le Pape qui ‘reçut’ lui-même les ‘Cendres’.

 

Se faire ‘marquer par les Cendres’ au premier jour du Carême signifie pour le chrétien sa volonté de faire une démarche de pénitence et de conversion encore plus profonde qu’en temps ordinaire pour mieux s’ouvrir à l’Esprit de Dieu et revivre le chemin de Jésus vers sa Pâque : symbole de l’ouverture à La Vie au-delà de la mort humaine.

Car les Cendres ne signifient pas seulement la poussière qui se meurt, elles rappellent aussi la chaleur du feu et peuvent servir d’engrais. Elles sont ainsi également signe d’une nouvelle fécondité possible …

Ne dit-on pas : « Renaître de ses cendres » ?

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4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 09:16

NANANA-1

L’an dernier pour Noël, ‘petite Lucie’ allait déjà à l’école toute la journée ; pourtant elle avait encore vraiment besoin de sa ‘sussu’, cette tétine que les jeunes enfants mâchouillent pour se rassurer.

Papa et maman déploraient un peu cet état de fait qui, selon eux, la maintenait ‘au pays des bébés’. Alors ils eurent cette idée :

«  Pour Noël, ‘petite Lucie’, tu vas laisser ta ‘sussu’ au Père Noël

Et, à la place, il te donnera un cadeau. »

Le soir de Noël ‘petite Lucie’ a bien voulu remettre sa ‘sussu’ au Père Noël ; mais il était déjà un peu tard, elle était à moitié endormie et, serrant bien fort son ‘cadeau’ dans ses bras, elle ne comprenait pas la portée de son  geste. Elle put s’endormir quand même grâce à la grosse poignée de sable que le marchand de sommeil avait déposée sur ses mirettes.

Le lendemain matin ce fut la catastrophe, le ‘plus pire’ jour de Noël pour ‘petite Lucie’ : au réveil, un grand manque ! Elle essaya tout : se réfugier dans le lit de Manon, sa grande sœur, se blottir dans les bras de mamie, faire durer le temps de la toilette avec maman, aider papa à ramasser les papiers cadeaux … rien n’y fit, c’était le grand vide.

« Et tout le monde qui faisait semblant que ça allait bien !

Non, non, non, c’était pas Zoyeux Noël !!! »

Serrant dans ses bras son fidèle Doudou, ‘petite Lucie’ se réfugia dans le plus sombre recoin de la cuisine et laissa couler un torrent de larmes.

Par chance, mamie entendit les sanglots et vint recueillir sur son cœur toute la grande tristesse de ‘petite Lucie’ qui, se sentant enfin comprise explosa :

« Il faut ma ‘sussu’ !»

Grand branle-bas dans la maison ! Papa et maman se regardèrent consternés, Manon se mit à pleurer et mamie osa dire :

« ‘Petite Lucie’ n’est pas prête, redonnez-lui sa ‘sussu’ »

(Elle savait  bien, mamie, que le Père Noël, tellement habitué aux abandons de ‘sussu’, avait pris la précaution d’oublier celle de ‘petite Lucie’ sur un coin de table en partant.)

Papa sorti la ‘sussu’ de sa poche et la donna à ‘petite Lucie’ …

Joyeux Noël !!!

‘Petite Lucie’ recommença à mâchouiller sa ‘sussu’ avec de grands yeux pétillants et Manon éclata de rire tandis que maman concluait :

« Notre ‘petite Lucie’ n’était pas encore prête,

Ce sera pour l’année prochaine. »

 

Et cette année tout s’est bien passé ! Lucie est devenue ‘grande’, d’ailleurs, depuis quelques temps déjà, elle oubliait souvent sa ‘sussu’ un peu n’importe où, un peu n’importe quand … Manon avait bien du mal à la ‘récupérer au cas où’.

Cette année, c’est ' Lucie grande’ qui a pris la décision :

« Je mettrai (pas ‘ma’) ‘la’ ‘sussu’ sur mon chausson

Et, à la place, le Père Noël me donnera un cadeau en plus ! »

Cette année ‘Lucie grande ’ se sentait prête et, pour mettre toutes les chances de son côté, elle en avait parlé à tout le monde … Même après le réveillon, même à moitié endormie, avant d’aller se coucher elle avait dit une dernière fois qu’elle

« Donnait sa ‘sussu’ pour un cadeau en plus »

Cette année cela s’est bien passé parce que c’est ‘Lucie grande’ qui a été capable de le décider en signifiant par ce geste qu’elle avait vraiment envie de refermer la porte de sa petite enfance … Et si, de temps en temps, elle glisse son pouce entre ses lèvres, elle ne parle surtout plus de cette ‘sussu’ qui n’est plus de l’âge qu’elle veut maintenant avoir !

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22 décembre 2011 4 22 /12 /décembre /2011 10:26

Un texte très touchant que ma soeur Hélène vient de m'envoyer ...

Juste avant de prendre 'la route' pour venir passer Noël en Agenais;

Une première depuis si longtemps et dont nous nous réjouissons tous!

 

 

 

Photos-0054

 

Tout au bout d’un mois de décembre gris, qui n’avait même pas été capable de prendre ses habits d’hiver, se profilait un Noël… tout gris. Pour la première fois  depuis très  longtemps, elle serait loin de sa maison. Il n’y aurait pas de boules multicolores, pas de  guirlandes scintillant à la lueur des bougies, pas de senteurs d’agrumes, pas de fumets de cuisine raffinée à partager. Demain, elle partirait ; Elle se sentait seule, si petite, vide, inutile.

Elle avait tellement besoin de réconfort ! Elle défit machinalement le ruban d’un pochon de confiseries de fêtes, auquel elle n’avait su résister le matin même à la boulangerie. Un parfum d’amande et de caramel  se développait sur ses papilles, réveillait tous ses sens,  envahissait son cerveau, une troublante alchimie se produisait ;  il fallait qu’elle fasse quelque chose.

Fébrilement, elle fouillait dans le carton descendu du haut de l’armoire. Et voilà, il était là ! Un petit ange de velours bleu aux ailes de carton blanchi, tout petit, tout démodé, l’incontournable, celui qui avait place dans son sapin depuis plus de quarante ans. Elle l’installa en haut d’une plante verte, déguisée en arbre de Noël par la magie d’une guirlande argentée et de quelques pampilles de verre coloré. Sous le regard de l’angelot, elle se sentait déjà mieux. Elle installa, devant la plante ainsi « sapinisée », une assiette de faïence ancienne  garnie d’un mélange de fruits secs, d’amandes et de chocolats, puis adressa à son ange une brève prière « veille sur l’assiette du pauvre, la part du mendiant de Noël ».

Quand il fut temps, elle tira la porte sur cet humble décor, puis passa déposer un double des clefs chez une jeune voisine, lui demandant de surveiller la maison et de venir chaque jour nourrir le chat.

Elle était ainsi prête pour ce séjour loin de chez elle, loin des traditions des années précédentes.

Quand elle revint, l’hiver était enfin installé, blanc, lumineux et pur. Le cœur chargé de souvenirs chaleureux, des sourires échangés là-bas, elle savourait le plaisir délicat de retrouver son « chez-soi », de ré-amadouer  un matou fâché d’avoir été abandonnée à la garde d’une inconnue. Elle se félicitait du petit air de fête qu’elle avait improvisé avant son départ ; le retour était ainsi plus agréable. Elle était toute prête à adresser un signe de reconnaissance à son ange porte-bonheur, lorsque son regard tomba sur l’assiette de faïence…  quasiment vide. Quelqu’un avait presque tout volé, et ce ne pouvait être le chat !

Mais non, l’assiette n’était pas vide. A côté de l’ultime papillote qui avait échappé au pillage, des carrés de papier pliés cachaient des fleurs, des cœurs, des sourires… et puis, quelques mots tracés au crayon, d’une écriture enfantine : merci pour les bonnes choses, j’ai bien aimé, et apprivoiser ton chat aussi, quand je suis venue avec maman. Il m’a dit que tu es très gentille. Si tu veux, quand tu seras chez toi, je pourrai revenir. Tu pourras m’apprivoiser, je serai ton amie… je te laisse des sourires et des bisous. Je m’appelle Mazie.

Alors la dame eut un petit rire, le plus joli rire qu’elle avait jamais eu. « Merci, petit ange bleu, tu as si bien veillé sur ma demeure. Mon cœur était vide, Je ne savais pas que c’était moi, le mendiant de Noël ; j’étais pauvre, et j’ai beaucoup reçu ! »

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20 décembre 2011 2 20 /12 /décembre /2011 10:32

St Joseph

 

 

 

Nous étions en 2009, c’était Noël et j’avais paré ma maison pour y recevoir chaleureusement ma famille.

Le sapin scintillait de toute sa guirlande multicolore ; des boules chamarrées, des étoiles d’argent et quelques lutins rouges dansaient sur ses branches ; à ses pieds des santons attendaient que les mains enjouées de mes petites filles leur prêtent vie.

 

La crèche était prête elle aussi car, pour moi, Noël ne saurait s’en passer ; je saisi même l’occasion pour semer quelques graines sacrées dans le cœur de mes invités, petits et grands !

 

Cette année-là, je lui avais réservé une belle et grande place. Une prairie de mousse peuplée de bergers et de moutons prolongeait la grotte ; une charrette en bois, un perchoir à oiseaux, une barrière et un arbre complétaient le décor. J’avais même osé y mettre les Rois Mages … au 21ème siècle nous n’en étions plus à une dizaine de jours prêts et cela pouvait –l’espoir est toujours permis – ouvrir une discussion.

Mais, tradition et religion obligent, j’avais décidé d’attendre le jour ‘J’ et l’heure (presque) ‘H’ pour demander à ma ‘grande’ petite fille, Manon, de déposer l’enfant Jésus dans son berceau de paille.

 

Manon, consciente de tout le savoir que lui conféraient ses sept ans et soucieuse de le transmettre à sa petite sœur lui expliqua ‘ma’ crèche et tous ses personnages. Avec toute l’application qu’on peut avoir à trois ans, Lucie buvait les paroles de Manon et ses petits doigts s’agitaient vers la crèche dans une envie frénétique de l’animer à sa façon.

« D’accord, Lucie, tu peux jouer avec les bergers et les moutons … même les Rois Magiques (oups ! Là je me fis un devoir de rectifier et d’expliquer le mot ‘Mage’ pour ne pas laisser s’installer un conte de fées), mais c’est mieux que tu joues pas avec la Sainte Vierge Marie et le Papa Joseph » lui conseilla Manon.

Lucie, docile, mélangea joyeusement les bergers, les moutons et les santons récupérés au pied du sapin et leur inventa une histoire de toute petite fille.

 

Comme chaque année, avant de passer à table, Manon mis l’enfant Jésus sur sa couchette au creux de la crèche. Lucie regardait en écarquillant les yeux : « Y va faire dodo là, le bébé ? Alors faut fermer la lumière ! » Et elle éteignit la bougie.

 

Puis, laissant Lucie à toutes ses découvertes, nous passâmes aux ‘choses sérieuses’ : le bon repas de Noël ; les langues allaient bon train !

Soudain Manon, qui avait délaissé nos agapes au profit d’un dessin animé s’exclama : « Mamie, mamie, viens voir ce que Lucie vient de faire ! ». J’y allais, sans grande inquiétude puisqu’aucun bruit alarmant ne s’était produit laissant présumer un quelconque désastre, et découvris St Joseph loin de la grotte, le nez contre l’arbre ; à sa place veillait un berger avec une brebis sur les épaules.

Avant même que je n’ai eu le temps de parler, ma petite Lucie m’expliqua avec le plus grand des sérieux : « Et ben oui ; Y faut pas taper les enfants ! »

 

Comment contredire une aussi belle logique enfantine ?

 

Et puis, à bien y réfléchir, la douce et innocente enfant ne faisait qu’aller un tout petit peu trop vite dans l’histoire de Jésus … Ne dira-t-il pas, plus tard, à Pierre : « Sois le Berger de mes brebis ! » ?

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19 décembre 2011 1 19 /12 /décembre /2011 13:33

Doudou

 

 

C’était pour Noël 2006, Maman était alors en assez bonne forme pour voyager et j’habitais encore dans ma grande maison. Je l’avais donc invitée à venir passer les fêtes avec nous.

Le soir de Noël la famille était réunie au grand complet autour d’elle : Yann mon fils, Delphine son épouse, Manon et Lucie leurs deux filles ainsi que les parents et la  sœur de Delphine.

 

J’avais, bien évidemment, placé la crèche au pied du sapin ; toutefois, tradition oblige, je n’y avais pas encore déposé l’enfant Jésus. En réalité, si j’attendais le moment propice ce n’était pas seulement pour respecter la coutume mais aussi parce que j’avais une petite idée derrière la tête : à quatre ans, Manon était capable de saisir un petit quelque chose de cet événement/avènement et j’espérais susciter en elle un début de curiosité à l’égard du Sacré ; ce serait donc elle qui mettrait Jésus sur son lit de paille !

 

Nous n’avons cependant pas attendu minuit : Le marchand de sable n’étant pas forcément très religieux, Manon risquait fort de rejoindre Morphée avant les douze coups autorisant le ‘Il est né le Divin Enfant’.

C’est donc, prudemment, vers dix heures que je lui ai proposé de faire dormir le bébé Jésus sur sa couchette, entre son papa Joseph et sa maman Marie, bien réchauffé par le gros bœuf roux et le petit âne gris … Je lui avais expliqué tout cela et elle m’avait écoutée avec un sourire d’extase de des mirettes pétillantes.

Elle a pris l’enfant de plâtre dans ses mains avec une  délicatesse infinie, lui a fait un tendre baiser et l’a placé, en tirant la langue d’application, sur son lit de carton-pâte ; elle s’est agenouillée, pas vraiment pour prier, juste pour admirer ma crèche en répétant les noms de tous les personnages.

 

Soudain, tel un vif argent, elle est partie en trombe vers ‘sa’ chambre !

Perplexité, légère tristesse ? Je ne comprenais pas !

Bien vite elle est revenue avec  … l’un de ses deux minuscules lapins en peluche. Elle s’est appliquée à le faire tenir en équilibre sur le bord de la crèche et a chuchoté : « Tiens, bébé Jésus, je te donne un doudou pour pas que tu sois triste ; alors, maintenant, tu vas faire un gros dodo parce qu’il est trop tard et que moi aussi je commence à vouloir dormir ».

Avec une adresse à faire pâlir sa réputation de ‘brouillon-tourbillon’ elle a réussi à faire un dernier baiser à l’enfant Jésus et nous a demandé : « Y’aura aussi un cadeau pour lui ? ».

 

Manon tendresse, Manon partage, bien sûr !

Je ne sais pas encore quoi, je n’avais pas pensé que tu entrerais aussi profondément dans le merveilleux de ma crèche, mais la nuit m’inspirera bien le petit quelque chose qui se fera cadeau pour ton bébé Jésus sinon tu ne comprendrais pas …

Et, en brisant ton beau rêve de petite fille, je risquerais de te rendre incrédule à tout jamais !

 

Et Dieu a entendu ma prière ! Le lendemain matin lorsque je me suis éveillée j’eu cette idée : Les Rois Mages, bien sûr ! Selon l’Ecriture, ils sont bien venus apporter des présents à l’enfant de la Crèche ! Alors, au pied de chacun d’eux j’ai déposé un petit cadeau : un chocolat dans son papier doré, un petit bonhomme play-mobyl et un mini savon en forme de rose … entorse à ‘La Lettre’ ? Juste une adaptation pour mieux répondre à l’attente  d’une enfant du XXIème siècle ! Certes j’ai  aussi pris une légère avance sur le ‘rituel’, mais, pour une petite fille de quatre ans, le temps n’est pas celui des grandes personnes … et pour Dieu non plus d’ailleurs !

 

Vers midi, lorsqu’elle est arrivée, Manon est allée directement vers la crèche et s’est exclamée avec un immense sourire : « Yes ! Elle est vraie de vraie l’histoire de Jésus, mamie, puisque il a eu des cadeaux ! »

Bien sûr, ‘Manouchette’ elle est vraie l’histoire et Jésus ! Et, tout compte fait, qu’importe où, quand et comment on sème la ‘petite graine’ pourvu qu’on y mette assez de cœur pour lui permettre de germer !

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13 décembre 2011 2 13 /12 /décembre /2011 10:36

Crèche

 

Les ‘mystères’ joués dans les églises et sur les parvis dès le XIème siècle se muèrent peu à peu en pastorales et en crèches vivantes, plus parlantes et plus populaires.

C’est dans cet esprit que, pour la messe de Noël 1223, François d’Assise rassembla les habitants de Greccio, en Ombrie, dans une grotte où avait été disposé une crèche garnie de foin, un bœuf et un âne … La crèche était née !

Le décor des crèches est toujours très simple : Joseph et Marie sont auprès de l’enfant, généralement à genoux pour mieux signifier le mystère de cette naissance. Le bœuf et l’âne viennent des Ecritures : « Le bœuf connaît son propriétaire, et l’âne la crèche de son maître … » (chapitre I du Livre d’Isaïe). Les bergers et les moutons, veillant près de la crèche dans la nuit de Bethléem selon ce qu’en rapportent les Evangiles, assurent la présence des hommes et, tout particulièrement des plus pauvres’ ainsi que leur capacité à témoigner de l’événement/avènement. Les Rois Mages, venus d’horizons différents, sont le symbole de l’ouverture de Dieu à toute l’humanité ; par leurs présents ils reconnaissent la nature divine de l’Enfant qui repose dans la crèche.

 

De même que le sapin, la crèche est ‘entrée’ dans les maisons ; elle a pris de multiples formes selon l’inspiration de chacun (grotte, étable, dans la neige ou le sable …).

Elle fut très longtemps aussi ‘incontournable’ que le sapin dans beaucoup de foyers, avec ou sans connotation profondément religieuse ; Bien qu’un peu ‘délaissée’ dans notre XXIème siècle elle n’est, malgré tout, pas oubliée et bien des gens osent encore dire « pour moi, pas de Noël sans crèche » !

Elle fut également mise à l’honneur en de nombreux lieux publics (boutiques et commerces notamment) mais au nom de la laïcité et du respect de toutes les opinions elle se fait maintenant très discrète.

A présent, pour voir une crèche, c’est dans une église qu’il faut aller … une occasion de découvrir ces lieux de culte chrétien ou d’y reprendre ‘contact’ avec le Divin !

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5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 14:19

La St Nicolas n'est que demain, toutefois, pour les plus matinaux -ce que je ne suis pas - j'anticipe!

Capture Noël 2010

 

(C'était à Noël l'an passé; mes petites filles ont eu la joie de recevoir la visite du Père Noël

... et la plus passionnée était bien ma 'grande' Manon, toujours prète à rêver!

alors que la 'petite' Lucie voulait absolument savoir "qui c'est le Monsieur déguisé en Père Noël?")

 

 

Le Père Noël est né très tard, aux Etats Unis au milieu du XIXème siècle. Il est le descendant lointain de Saint Nicolas, dont la légende, il est vrai, dépasse beaucoup ce que l’on sait de lui.

Il fut évêque de Myre en Asie Mineure, au IVème siècle. Peut-être a-t-il participé au grand concile de Nicée (325) ? Très vénéré en Orient, il le fut aussi à partir du XIème siècle lorsque la ville de Myre tomba aux mains des musulmans et que ses reliques furent ramenées à Bari.

On connaît sa légende, celle des trois enfants égorgés et mis au saloir par un aubergiste, pour être servis en nourriture. Saint Nicolas, venant à passer par là, leur rend la vie. Aussi est-il le saint patron des écoliers. Il l’est aussi des marins, en raison d’autres miracles qu’on lui attribue.

L’imagerie populaire aime que, portant sa mitre et sa crosse d’évêque, il soit accompagné d’un âne, blanc ou gris, portant des cadeaux. Dans le nord et l’est de la France, les enfants déposent leurs chaussures au pied de la cheminée car Saint Nicolas passe et … distribue des cadeaux. Mais seulement aux enfants sages !

Le Père Noël fait bien pâle figure auprès de lui.

 

enfin, enfin ... Le père Noël a encore ses heures de gloire!

Et tout les doutes éventuellement semé par des excès de télé, de catalogues publicitaires et les 'petits dérapages verbaux' des 'grandes personnes' devant nos bambins n'arrivent toujours pas à ébranler leur conviction que le Père Noël est 'cap' de passer par le moindre trou de souris et dans toutes les maisons à la fois pour déposer 'lesjoujoux par miliers' qu'ils ont commandés!

Et ils sont encore nombreux les parents qui vont cèder au doux rituel de LA  photo avec le Père Noël en plein centre ville ou dans l'entrée d'une grande surface! la seule chose qui change un peu à présent, c'est que -merci internet- LA photo va voyager dans toute la famille pour semer des 'sourires par miliers'

Alors, à l'approche de Noël, je redeviens une toute petite fille:

je viens d'écrire ma lettre au Père Noël, par mail bien sûr;

et je sais déjà que j'aurai 'mes cadeaux rêvés' ...

Un lutin me l'a dit!

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