Mais je vous sens encore impatiente : « C’était quoi, les épreuves ? »
Elles étaient nombreuses et variées, les unes sportives, les autres culturelles, d’autres faisaient appel à l’imagination ; bref ! Elles étaient conçues pour que chacun, selon ses meilleures compétences, puisse trouver à si régaler … à en baver aussi parfois.
Je ne pourrais toutes vous les raconter. Les plus récurrentes et incontournables restaient malgré tout de cet ordre :
Traverser une conche sur une ‘piate’ avec la pigouille ; un exploit qui n’était pas à la portée de tous et bien des barques ont tourné en rond ou même chaviré.
Faire un démarrage en côte avec un œuf placé derrière l’une des roues arrières ; un vrai désastre pour le moteur de la voiture qui parfois regimbait dans un nuage noir.
Ou bien encore, et Denis Brogniard n’a rien inventé, déguster une douzaine d’escargots crus et bien gluants ou avaler un pichet de vingt-cinq centilitre d’eau des conches avec les lentilles verte ; burk trois fois ; certains l’ont fait … pas moi !
Mais il y avait d’autres épreuves plus raffinées, faisant appel à nos petits dons en dessin, décoration ou écriture : reproduire une écluse ou une vieille ferme, composer un bouquet avec la végétation locale ou un poème mettant un site en valeur etc…
Et, il y avait toujours, en un ‘fil rouge’ qui tenait à cœur à Jojo, cette invitation à rapporter le plus d’objet commençant par une lettre indiquée sur le carnet de bord.
Pour la petite histoire et pour sourire : une fois ce fut la lette N et Simon ne s’est pas démonté ; à l’arrivée, en plus d’un nénuphar et quelques peccadilles, il présenta sa Nana avec son Nez, son Nombril et ses Nichons. Ce même jour une Niche a fait le rallye ficelée sur le toit d’une 2CV !
Comme vous pouvez le constater : on ne s’ennuyait jamais dans ces rallyes !
Et c’était pas fini !
A la fin de la journée, lorsque nous arrivions, fatigués et poussiéreux, voire carrément boueux, au havre de l’arrivée, quelle joie ! Quelle joie, non pas d’en avoir fini avec le périple mais de se retrouver : tapes dans le dos, poignées de mains, bisous et bavardages emplissaient l’espace et se faisaient prometteur d’une magnifique soirée !
Au fil des heures, les uns et les autres, ayant ce sentiment d’avoir bien ‘fait le plein’ de victuailles et de discussions, s’en allaient. Avec votre grand-père nous faisions toujours partie du petit clan des irréductibles qui ne se décidaient pas à partir aussi longtemps qu’un reste de conversation flottait encore dans l’air et c’est parfois jusqu’au petit matin que nous refaisions le monde ; parfois même nous décidions de dormir quelques heures sur place avant de retourner dans la civilisation.
En ces occasions-là, votre grand-père décidait en son âme en conscience –à moins que ce ne soit en son état semi comateux- de se ‘faire porter pâle’ au travail et filait sous les draps.
En ces occasions-là, moi, peut-être pas très fraîche mais absolument pas comateuse, je prenais une double douche et un triple café noir, enfilai une tenue présentable et filais rechercher votre papa chez ma mère pour l’emmener à l’école avant de rejoindre mon bureau.